Depuis des temps immémoriaux, le loisir a existé sous les formes du jeu, de la fête, de la vie contemplative, créative ou récréative et, d'une façon générale, de la consommation de l'abondance lorsque cette dernière a pu être obtenue ou réalisée. Élément majeur d'un mode de vie pour les nantis et les classes privilégiées, épiphénomène plus ou moins occasionnel pour les masses dominées ou laborieuses, il acquerra graduellement un droit de cité plus étendu pour devenir, avec le XX
e siècle, un droit humain reconnu et constituer une dimension relativement structurante de nombreux aspects de la vie personnelle, sociale, économique, culturelle et sociopolitique des temps modernes. Ce faisant, le loisir accroît sans cesse la gamme des modes et styles de vie accessibles sur base de droit et d'exercice des libertés reliées à la citoyenneté, malgré et avec les forces sociales intéressées à son orientation et à sa programmation. Il s'inscrit de plus en plus comme un élément incontournable du développement culturel, sans oublier les considérations économiques et politiques dont il est aussi l'objet, de même que les questionnements éthiques que sa présence suscite.
Michel Bellefleur nous présente ici une analyse critique de l'évolution contemporaine du loisir comme phénomène particulier d'une civilisation en marche malgré tous ses avatars, mais néanmoins ouverte à une quête constante de liberté, de tolérance, d'hédonisme ou d'eudémonisme, ainsi que d'une qualité de vie à construire.