La reconnaissance et la citoyenneté ont, au cours des dernières années, largement été réactivées dans la pensée éthique et politique contemporaine par les débats et enjeux liés au multiculturalisme et aux droits des minorités nationales dans les sociétés libérales. La question de la reconnaissance a ainsi été principalement couplée à celle de l'identité politique et, par conséquent, à celle de la citoyenneté. Dans le même temps, philosophes, sociologues et politologues en appellent au renouvellement du concept même de citoyenneté tant le contexte, les enjeux et les pratiques du vivre ensemble sont entrés dans une phase de profondes mutations. On pense ici non seulement à la mondialisation et aux transformations de l'État, mais aussi à l'émergence de nouvelles dynamiques de construction identitaire des groupes sociaux : stigmatisation raciale, sexuelle, religieuse ou encore, une expérience partagée de « blessure morale ». En ce dernier cas, le thème de la reconnaissance croise celui de la citoyenneté au carrefour de l'identité morale des personnes, de leurs droits moraux.

Ainsi, le chassé-croisé des thèmes de la reconnaissance et de la citoyenneté avec celui de l'identité invite à réfléchir à nouveaux frais aux multiples liens, tensions et enjeux de l'éthique et du politique dans les sociétés contemporaines. C'est à ce chassé-croisé et aux réflexions qu'il suscite au carrefour de l'éthique et du politique que les textes de ce volume sont consacrés. Par la diversité des thèmes abordés - pluralisme et fragmentation sociopolitique; cosmopolitisme et mondialisation; droits des couples homosexuels; distribution des soins de santé; expériences de mépris vécues par des immigrantes musulmanes; racisme (Conférence de Durban) - et par la diversité des approches et perspectives mises en oeuvre, l'ouvrage s'adresse à tous ceux qui s'intéressent aux défis actuels de la pensée éthique et politique.