Pour enfin retourner le pouvoir de l’éducation aux mains des parents et des enseignants

De Pierre Demers

Le système scolaire québécois est maintenu sous le joug d’un ministère qui se dit d’éducation mais qui, dans les faits, ne réussit qu’à faire durer une domination qui existe depuis trop longtemps. L’asservissement est total. Depuis longtemps, les enseignants et les parents sont incapables d’exercer quelque contrôle que ce soit sur l’« éducation » de nos jeunes. L’aliénation s’est achevée dès le moment où tout le monde engagé dans ce projet social a perdu la capacité d’imaginer le développement de ces potentiels humains autrement que par une scolarisation de masse.

La confusion dans les termes, qui sert de fondement à tout ce qui suit, est aussi entière. On adapte le sens des mots aux circonstances du moment. On utilise certains termes comme s’ils étaient interchangeables. Par exemple, la scolarisation n’est pas l’instruction ni la socialisation, qui ne veut pas dire l’éducation, qui se situe très loin de toute qualification spécifique. Ces termes – scolarisation, instruction, socialisation, qualification et éducation – sont autant de conceptions différentes de notre action auprès des jeunes. Il est temps de choisir soigneusement notre cible pour cesser de limiter l’expérience scolaire possible. Apprendre s’est asséché, littéralement parlant, de toute quête de sens. Disons-le franchement : la scolarisation et l’instruction de masse ne fonctionnent pas ! Qu’attendons-nous ? Quelle proportion d’élèves décrochés est requise pour apporter les changements nécessaires ? Devrions-nous aussi tenir des statistiques sur ceux et celles qui décrochent dans leur tête ?

Il est grand temps qu’on éduque les parents et les enseignants au fait que l’avenir se joue dans la formation de chaque personne. Il ne s’agit pas de former les êtres humains dans le sens d’accumuler des savoirs à retenir bêtement mais plutôt selon une vision de leur propre développement humain. Le principal défi de la Vie ne consiste pas à se former pour participer à la chaîne de production et consommation, devenue le carcan moderne par excellence. Il réside plutôt dans la pleine réalisation de son potentiel humain qui, parfois, passe par des connaissances formelles.< br/>
Un ministère de l’éducation, du loisir et du sport aussi centralisé qu’au Québec est incapable, même dans ses plus beaux efforts, de considérer le simple fait que chaque jeune qui fréquente nos écoles est différent des autres. Cette prise en compte exigerait des approches personnalisées qui ne peuvent pas être mises de l’avant dans la stratégie de masse courante qui impose les grands groupes, le moule unique et une pédagogie de la bonne réponse qui écrase toute possibilité d’erreur, un moteur majeur dans tout apprentissage.

Le MELS ferait mieux de concentrer ses efforts pour soutenir les enseignants qui travaillent souvent dans des conditions horribles et les parents qui luttent désespérément pour que leurs enfants aient droit à une « éducation » qui respecte leur intégrité et leur authenticité humaine. La fuite en avant de cette grosse machine bureaucratique nous a déjà assez fait souffrir.

Parents et enseignants, unissez-vous autour du projet passionnant de proposer à nos jeunes un cheminement, qui au début viendra de l’extérieur, pour leur indiquer la voie vers leurs propres potentialités. Ensuite, accompagnez-les dans leur démarche personnelle et intime qui les amène à développer leur plein potentiel. Aucun ministère de la scolarisation de masse n’arrivera à accomplir ceci, surtout dans le mépris dont il fait preuve envers vous depuis longtemps. Nous réussirons à élever la conscience humaine de nos jeunes si nous les éduquons. Pour ce faire, il faut d’abord comprendre ce que le mot « éduquer » veut dire.

Pour approfondir votre réflexion, nous vous suggérons la lecture de :
Élever la conscience humaine par l’éducation
de Pierre Demers  (2008)

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